AMPHÉTAMINES CANNABIS COCAINE ECSTASY ERYTHROPOIÉTINE HEROINE LSD
MESCALINE PHENCYCLIDINE PSILOCYBINE STEROIDES ANABOLISANTS
Toxicologie et effets adverses
Les sportifs utilisent des doses d’anabolisants qui sont au minimum de 10 à 30 fois supérieures aux doses thérapeutiques et jusqu’à 1000 fois supérieures. Les effets recherchés sont : croissance de la masse musculaire, endurance, augmentation de l’agressivité.
A ces doses, des effets secondaires très importants et des effets toxiques surviennent :
Enfin, des répercussions rénales (tumeurs) des oedèmes des extrémités, douleurs et hémorrhagies digestives, l’apparition d’acné sont également décrits (12)
La question de la dépendance à ces substances est posée et reste sans réponse claire.
I Produits, origines, propriétés générales
Le cannabis (cannabis sativa) est une plante que les botanistes considèrent comme appartenant à une espèce non stabilisée. Elle est cultivée afin de satisfaire à deux usages : production de fibres (de chanvre) ou production de substance stupéfiante (cannabis, haschich, marijuana). L’espèce à drogue contient un produit psychoactif : le delta-9-tétrahydrocannabinol (D-9-THC (ou THC)) en une proportion d’au moins 1 à 2%. La variété dite « à fibres » contient moins de 0,3% de D-9-THC.
Le chanvre pousse également à l’état sauvage dans certaines parties du monde. Sa culture est possible dans toutes les régions chaudes ou tempérées, encore que l’absence d’une certaine intensité de chaleur et de lumière soit préjudiciable à la concentration en produit psychoactif de la variété à drogue. Les techniques modernes permettent la culture en serre voire en appartement. Des sélections et manipulations génétiques récentes ont permis d’obtenir des variétés très enrichies en produit psychoactif (de 20 à 40% de D-9-THC, en Hollande).
Le cannabis peut être préparé et utilisé sous diverses formes :
- Cannabis : plante, surtout feuilles
- Haschich : résine et sommités fleuries
- Kif : résine, feuilles et fleurs
- Marijuana : feuilles et sommités fleuries
- Bhang : feuilles mûres séchées
les appellations et habitudes variant selon les pays, ainsi que les concentrations en substance psychoactive (D-9-THC), les feuilles en contenant de 2 à 8%, la résine de 6 à 40% et l’huile plus de 60%.
En ce qui concerne la variété « à drogue », son usage, son trafic et sa production sont interdits en France selon la loi 70-1320, modifiée par le nouveau code de procédure pénale de 1994. Au plan international, le cannabis fait partie de la liste des substances illicites définies par la convention de l’ONU de 1961 et la convention de Vienne de 1971. Toutefois, les semences correspondantes qui ne contiennent pas de THC ne sont pas considérées comme stupéfiants. Le vide juridique qui contribue à la diffusion prosélyte du cannabis rend nécessaire la mise en place d’un système de contrôle spécifique des semences aux niveaux national, international et européen.
Les premières utilisations décrites de la plante sont d’origine chinoise, il y a plus de 5000 ans. Son utilisation s’est ensuite répandue à l’Inde, au Moyen Orient, puis à l’Afrique. L’Egypte connut une importante consommation correspondant à une longue période de déclin. Les effets du cannabis et de ses dérivés impressionnèrent beaucoup Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Egypte, qui dès lors interdit à ses troupes la consommation de la substance. Le monde occidental pris contact avec le cannabis vers 1840, lorsque Moreau de Tours en décrivit assez précisément les effets. Baudelaire et Gautier rapportèrent, à la même époque, le récit de leurs expériences au sein du cercle des haschichins. Le produit apparut aux Etats Unis en provenance du Mexique vers 1910, et fut interdit par le Marijuana Tax Act de 1937. La relance de sa consommation eut lieu dans les années 60.
Cette consommation s’est ensuite graduellement généralisée à toute la planète depuis 1970, du fait notamment de l’application par certains pays de régimes de tolérance qui vont au-delà de la législation déjà moins restrictive à l’égard du cannabis que pour d’autres substances stupéfiantes.
III Propriétés physiopharmacologiques
Le cannabis contient plusieurs centaines de molécules identifiées. Parmi les molécules ayant une activité biologique, l’on distingue le D-9-THC composé psychoactif principal (1), le D-8-THC, composé psychoactif très secondaire, le cannabidiol (CBD), le cannabinol (CBN) et les cannabigerol, cannabicyclol et cannabichromène, ces derniers étant très peu actifs (2).
Le D-9-THC est à la fois un psychostimulant et un psychodépresseur dont les effets se rapprochent de ceux des hallucinogènes (3).Il perturbe le fonctionnement du système nerveux central en provoquant une ébriété, en détériorant la vigilance, la mémorisation, les capacités psychomotrices, et la perception du temps (4,5). Il présente des interactions avec d’autres produits tels que les amphétamines, l’alcool, les barbituriques et les opiacés.
C’est une substance très lipophile, qui se stocke dans les graisses (6). Sa demi-vie moyenne est de 96 heures (4 jours), ce qui signifie qu’une utilisation périodique à une semaine d’intervalle aboutit à une accumulation de la substance. Il faut plus d’un mois pour éliminer complètement de l’organisme toute trace de substance après une seule utilisation. Elle peut être rapidement libérée des graisses en cas de stress. La biodisponibilité par inhalation (fumée) est de 20% et de 5 à 6% par ingestion (solide ou liquide).
Le D-9-THC entraîne tolérance et dépendance comme l’ont prouvé divers travaux récents. Aceto (7) a démontré chez l’animal la possibilité de provoquer un syndrome de sevrage avec des signes physiques importants. Ce syndrome masqué par la très longue demi-vie de la substance, montre l’inadéquation de certains points de vue considérant la dépendance au D-9-THC comme étant uniquement psychique, ce qui de toute façon n’a plus de sens en physiopharmacologie moderne.
Le D-9-THC agit dans l’organisme en se fixant sur des récepteurs (8) baptisés CB1 et CB2 dont le ligand naturel est l’anandamide (9).
Il a été montré que le D-9-THC produit le même effet que l’héroïne sur la transmission dopamine-dépendante dans une structure cérébrale nommée nucleus accumbens. Cet effet peut être inhibé par un antagoniste du D-9-THC mais également par un antagoniste aux opiacés (naloxone) (10). De même, le taux de corticolibérine, une hormone impliquée dans la médiation du « mal être » et des conséquences affectives négatives suivant un sevrage de la cocaïne, des opiacés ou de l’alcool, est également augmenté suite à un sevrage d’un analogue synthétique du D-9-THC provoqué par administration d’un antagoniste du THC (11). Ceci ne permet pas à coup sûr de dire que la consommation de THC peut entraîner une adaption neurohormonale dont la conséquence serait une vulnérabilité du consommateur de cannabis vis à vis d’autres substances toxicomanogènes, mais permet de renforcer le doute quant à la supposée innocuité de la consommation de cannabis (12).
IV Toxicologie et effets adverses
La toxicité aiguë était considérée jusqu’à maintenant comme faible, toutefois il semble que la disponibilité de produits à haute teneur en D-9-THC, suite aux sélections génétiques, entraîne désormais des cas de psychoses aiguës graves (paranoïa) dont certaines apparaissent difficilement réversibles (13,14).
La toxicité et les types de risques encourus à la consommation du cannabis sont d’autant plus élevés que les doses absorbées sont importantes et fréquentes. La consommation régulière de cannabis n’entraîne pas obligatoirement le passage vers la consommation de drogues plus dangereuses, mais c’est un facteur favorisant dont il faut tenir compte, particulièrement chez les adolescents.
Le D-9-THC freine l’activité du système sympathique (25) et peut être à ce titre considéré comme un dopant en médecine sportive, comparable par exemple à certains bêtabloquants ou à certaines benzodiazépines. Au même titre et en considérant en plus tous les effets connus de la substance, dont l’ébriété et la distorsion spatio-temporelle, la consommation de cannabis peut rendre inapte à certaines tâches : conduite automobile ou d’autres véhicules ou machines nécessitant une attention soutenue (26,27,28).
Le point de vue exprimé dans cette fiche est conservateur en ce sens qu’il s’appuie sur des faits scientifiques et médicaux établis et référencés. Les actions pharmacologiques ou toxiques décrites récemment, non vérifiées dans au moins deux expérimentations différentes, ont été laissées au conditionnel et feront l’objet de futures mises à jour. Pour toute observation ou question concernant ce texte ou le cannabis, envoyez un message électronique à l’adresse suivante : toxidop@ibt.univ-angers.fr
La consommation de cannabis entraîne tolérance et dépendance, et peut avoir pour conséquences en fonction des doses consommées et fréquences de consommation, la simple ébriété passagère, le déclenchement d’une psychose aiguë, ou le passage à une consommation régulière (toxicomanie) avec à terme tous les risques encourus décrits ci-dessus.
I Produits, Origine, propriétés générales
La cocaïne est un alcaloïde extrait de la feuille de l’arbre à coca. Il existe au moins quatre espèces d’arbres à coca dont le plus commun est Erythroxylum Coca Lam (1). Ces arbres (il serait plus juste de parler d’arbustes de 1 m à 1,50 m) sont rencontrés partout le long de la Cordillière des Andes, avec une prédominance en Colombie et au Pérou, mais également au Brésil dans la vallée de l’Amazonie.
La feuille vert foncé de ces arbustes contient des alcaloïdes (de 0,5 à 3%) dont l’un est la cocaïne ; chez certaines espèces la cocaïne est donc fort peu concentrée. Bien que poussant à l’état sauvage, l’arbre à coca est cultivé, généralement entre 500 et 1500 m d’altitude en climat humide. Certaines espèces acceptent la sécheresse. Il semblerait que la culture soit également pratiquée à Java, à Ceylan, en Inde, à Taiwan et en Indonésie. L’une des espèces sert à aromatiser une boisson bien connue. La récolte des feuilles a lieu 2, 3 ou 4 fois par an et produit de 1 à 3 tonnes par hectare et ce, pendant 10 à 20 ans par plantation.
La cocaïne est extraite de la feuille en trois étapes. La première a lieu sur le site de production. Les feuilles hachées sont mises à macérer dans l’eau et une base forte. Un solvant organique est ajouté (essence, acétone, kérosène). Les feuilles sont retirées et de l’acide sulfurique est ajouté, permettant la dissolution des alcaloïdes dans la phase aqueuse. Le solvant organique est éliminé et la solution est alcalinisée entraînant la précipitation des alcaloïdes. Cela donne une forme de cocaïne connue sous le nom de « pâte à coca » (mélange de nombreux alcaloïdes). De là, la pâte peut être traitée pour obtenir de la « cocaïne base » ou de la cocaïne cristalline (chlorhydrate de cocaïne) (poudre blanche) (2). La pâte peut contenir de 1 à 40% d’impuretés. La pureté de la cocaïne saisie varie de 60 à 90%. Il est possible de synthétiser la cocaïne, mais cela demande des moyens importants.
La cocaïne peut être administrée par mastication des feuilles (habitude séculaire), mais cette façon de procéder aboutit à des taux sanguins faibles (3). Le chlorhydrate est sniffé, avec des quantités absorbées qui peuvent être de l’ordre du gramme. Elle est utilisée comme anesthésique de surface dans certaines chirurgies. Certains toxicomanes se l’injecte par voie intraveineuse. L’application sur les muqueuses (anales, vaginales) est également une bonne voie d’absorption, ce qui n’est pas vrai pour l’application cutanée.
La cocaïne peut être fumée, l’inhalation étant une méthode d’administration pour laquelle les pics de concentration plasmatique atteints sont comparables à ceux obtenus par voie intraveineuse. La pâte est fumée, mais l’utilisation de crack (chlorhydrate de cocaïne précipité à chaud en présence de bicarbonate de soude) est plus populaire (4). Le nom de crack (caillou) vient du bruit produit par le précipité (petits agrégats solides) lorsqu’il est chauffé pour être inhalé. L’absorption intestinale de la substance étant bonne, le risque pris par les trafiquants ingérant des boulettes (body packers) est considérable (5). Bien évidemment la substance passe la barrière foeto-placentaire de la mère vers son foetus.
La cocaïne est un anesthésique, une substance diminuant la faim (machée) mais aussi sous ses diverses formes l’une des pires substances toxicomanogènes existantes, largement consommée dans certains pays.
Comme pour d’autres substances, son trafic, sa détention et son usage sont interdits par la loi 70-1320, modifiée par le nouveau code de procédure pénale de 1994.
Elle figure sur la liste couverte par la Convention des Stupéfiants de l’ONU de 1961 et de Vienne (1971).
II Historique
L’arbre à coca est principalement localisé en Amérique du Sud, mais de la cocaïne a été retrouvée dans des momies égyptiennes agées de plus de 3 000 ans. Le premier contact « moderne » avec la plante et les habitudes millénaires de mastications des indiens, date de la conquête des espagnols dans les années 1500. Ils furent surpris du fait que les indiens consommaient peu de nourriture et firent la relation avec ces habitudes masticatoires (Monardes) (6). Pendant longtemps, personne ne s’intéressa vraiment à la coca, puis Hooker en 1835 publia un article contenant une traduction d’un livre de Poeppig dans lequel ce dernier comparait les masticateurs de feuilles aux utilisateurs d’opium et mettait en garde contre l’usage de coca. Ceci fut confirmé par Von Tschudi (7), et celui-ci initia le processus qui devait mener à l’isolement de la cocaïne par Niemann en 1860 (8). Pendant douze ans le produit sombra dans l’oubli jusqu’à ce qu’un article du Lancet décrive des propriétés « stimulantes et narcotiques ». Le produit fut utilisé pour créer des boissons stimulantes: le vin Mariani par exemple (9). Parke Davis vendit un extrait semi-purifié en 1880 et beaucoup de firmes pharmaceutiques l’utilisèrent comme additif à nombre préparations.
En 1884, Freud publia son fameux article sur la cocaïne « Über Coca » (10). Köller découvrit ses propriétés anesthésiques locales (11) (1884). La substance fut recommandée pour traiter la dépendance à la morphine (préparation « Theriaki »). Un an après, les premiers cas d’effets toxiques furent publiés et cela s’amplifia jusqu’au début des années 1900. Le premier article décrivant la modification des myocytes fut publié en 1888 (12). Les techniques de détection furent mises au point en 1887. Bien que Freud signala par la suite que la cocaïne n’était certainement pas la « substance merveilleuse » qu’il avait cru pouvoir recommander, il fut vivement critiqué (13), de nombreux décès survinrent suite à la consommation de produit pur (poudre), que les personnes dépendantes préfèraient aux préparations du commerce.
De 1925 à 1975, peu de choses furent rapportées. Les USA avait par deux fois mis des restrictions (Pure food act 1906 et Harrison Narcotic Act de 1914) mais l’utilisation fut réellement freinée par l’apparition d’une autre catégorie de substances toxicomanogènes : les amphétamines. Depuis 1977, le trafic, l’utilisation et les décès dus à l’utilisation de cocaïne sont en augmentation constante (14).
III Propriétés pharmacologiques
La cocaïne est classée parmi les sympathomimétiques indirects c’est à dire les substances capables d’activer jusqu’à un certain point ou de reproduire les signes d’activation du système sympathique.
La cocaïne a une demi-vie assez courte et est assez rapidement éliminée de la circulation. La demi-vie est de l’ordre de 40 minutes (la littérature donne une fourchette de 18 à 190 minutes) (15). La clairance d’élimination est d’environ 2 l/min pour un volume de distribution de 132 l (2 l/kg). Les estérases hépatiques et pseudocholinestérases plasmatiques dégradent la cocaïne.En l’absence d’alcool, ses métabolites principaux sont la benzoylecgonine(BEG) et l’ecgonine methyl ester (EME). Les demi-vies de ces substances sont plus longues (6 h et 4 h) ce qui rend la détection de l’utilisation de la substance encore possible après 24 h (16). En présence d’alcool se forme un dérivé particulier, toxique, le cocaéthylène(17).
C’est un psychostimulant majeur, elle excite le système nerveux central, particulièrement les centres nerveux psychiques et sensoriels ; elle excite les centres bulbaires. Elle peut entraîner des convulsions. C’est un anesthésique local qui insensibilise les terminaisons nerveuses, muqueuses et cutanées ; elle coupe aussi la conduction dans les troncs nerveux. La cocaïne a également un effet anorexigène.
Elle inhibe le recaptage des catécholamines, deplétant leurs stocks, principalement au niveau nerveux. Elle potentialise leurs effets et inhibe les effets d’autres sympathomimétiques indirects (amphétamine, éphédrine). Elle provoque tachycardie (suivie de bradycardie chez l’animal), hypertension, vasoconstriction intense et mydriase. La libération de norepinéphrine provenant des fuites synaptiques dues à l’inhibition de recaptage ne peut expliquer plus de 3% du taux circulant de cette hormone sous imprégnation cocainique. L’élévation du taux de catécholamines circulantes, sous cocaïne à une autre source : la surrénale. Les effets de la cocaïne miment certains effets de l’angiotensine II, hormone qui médie ceux de la cocaïne (hypertension, vasoconstriction, abolition du baroréflexe) (18).
Les propriétés vasculaires et nerveuses de la cocaïne (hors effets anesthésiques) sont bloquées par certains inhibiteurs calciques, les inhibiteurs d’enzyme de conversion (de l’angiotensine I en angiotensine II, kininase 2) et par certains antagonistes des récepteurs à l’angiotensine (19).
De nombreux dérivés synthétiques sont utilisés médicalement comme anesthésiques de surface et de conduction (lidocaïne, procaïne, etc…).
C’est une substance entrainant une forte dépendance (dépendance dont l’établissement est associé à la forme consommée et au mode de consommation. Elle produit des signes de sevrages moins intenses que ceux produits par les opiacés, mais une dépression et des signes d’irritabilité peuvent s’installer.
La cocaïne est lipophile et traverse facilement la barrière hématoencéphalique. Elle se fixe sur de nombreux sites (récepteurs ?) dans le système nerveux central, mais aussi dans le coeur, dans le foie, les reins, les surrénales (20, 21). Elle passe également dans le lait des mères allaitantes. Il a été décrit une fixation directe sur les récepteurs à la dopamine.
IV Propriétés toxicologiques et effets adverses
Les effets toxiques sont principalement liés à la dérégulation du fonctionnement du système sympathique. Il a été dit et écrit, et cela se produit encore régulièrement(22), que les effets toxiques de la cocaïne étaient dus à la perturbation du métabolisme des catécholamines. Ceci n’est que très partiellement vrai, le système rénine-angiotensine étant également perturbé de façon majeure. Il vaut donc mieux appréhender la toxicité de la cocaïne de façon globale par une dérégulation générale du système sympathique, ou de systèmes interférant avec ce dernier.
La cocaïne provoque des ischémies généralisées, entraînant convulsions et infarctus du myocarde, des hypertensions massives favorisant la survenue de défaillances cardiovasculaires. Au niveau tissulaire des nécroses sont retrouvés ainsi que des signes de surcharge cellulaire en calcium (23, 24). Les décès peuvent survenir en quelques minutes. Quelquefois, un oedème pulmonaire est associé. Des hypertrophies ventriculaires gauches sont courantes, ainsi que des lésions des valvules et vaisseaux. Il est couramment observé les atteintes suivantes :
D’autres signes existent :
Bien que la placenta protège partiellement le foetus par son activité cholinestérasique, les concentrations chez le foetus peuvent être supérieures à celles observées chez sa mère. D’autre part, la génération de BEG est beaucoup plus faible chez le foetus, ce qui explique peut être les taux importants de cocaïne retrouvés dans les jours qui suivent la naissance (déstockage ?). Il a été montré un poids de naissance plus faible que la normale et des pertes de foetus par hémorragie rétroplacentaire (37).
Les overdoses et morts brutales sont dues à deux causes : effets anesthésiques de la substance chez des sujets naifs, ou mort par activation brutale du système sympathique avec convulsions et/ou défaillance cardiaque. Les convulsions peuvent être contrôlées avec du Diazepam ; la défaillance cardiaque doit être traitée par inhibiteur calcique (Nitrendipine, Nicardipine, Nifedipine, Diltiazem, Flunarizine) éventuellement par la Nimodipine et en aucun cas par le Vérapamil ou équivalent. Les inhibiteurs d’enzyme de conversion sont également efficaces mais d’action lente. Il ne faut jamais employer : les béta-bloquants, les alpha-bloquants ou combinaison mixte alpha-beta. Ces molécules sont inefficaces, ou seulement partiellement efficaces, elles potentialisent les effets délétères de certaines catécholamines et n’entravent pas ou peu les effets dûs à l’Angiotensine II. L’administration de dérivés nitrés est discutée, mais discutable, car elle ne peut constituer un traitement unique comme dans le cas des anticalciques (38, 39).
V Considérations générales
La cocaïne est une substance qui est variablement répandue en fonction des pays et des classes consommatrices, elle est longtemps restée la drogue des milieux aisées tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Aux USA, dès 1986 avec l’apparition du crack, vendu à très bas prix, elle est devenue la drogue des classes défavorisées voire très défavorisées. L’épidémie est restée contenue en Europe, mais le fait que les USA durcissent leur position et qu’elle constitue une drogue refuge pour certains toxicomanes à l’héroïne traités par méthadone, est inquiétant. C’est la première substance vendue à très bas prix (politique du supermarché) par les trafiquants et revendeurs, phénomène qui invalide la théorie des légalisateurs (drogue de qualité, contrôlée par l’état, à bas prix). Elle touche dans les pays consommateurs, des enfants de 4 à 5 ans et des signes cliniques graves ont été décrits chez des nourissons fumeurs passifs de
VI Conclusion
La cocaïne est une substance entraînant une forte dépendance, très répandue et utilisée à diverses fins. Sa consommation entraîne des signes très variés, allant des états paranoïaques à la mort par overdose. Les accidents sont devenus très courant particulièrement en Amérique du Nord et du Sud. Elle doit être considérée comme un intoxicant majeur, contrairement à l’opinion largement répandue depuis quelques années.
ECSTASY
I Produits, origines, propriétés générales
On appelle « drogues de synthèse » (« designer drugs ») des substances synthétisées pour des raisons purement commerciales et récréatives. La plupart sont apparentées aux amphétamines. Comme celles-ci, elles possèdent de puissantes propriétés stimulantes et hallucinogènes.
L’une des premières molécules de ce type dérive de la mescaline, dont les chimistes ont modifié la molécule afin d’augmenter sa puissance, ce qui a abouti au TMA (triméthoxy 3,4,5 amphétamine). De nombreuses substances chimiques voisines ont été synthétisées (DOM ou STP, PMA, DOB, aigle d’or ou bromo-DMA, MDA « love drug » ou pilule d’amour, MDEA ou eve). La plus répandue à l’heure actuelle est la MDMA (3,4-méthylènedioxymethamphétamine) plus connue sous le nom d’ecstasy. C’est une substance blanche, à odeur de moisi. Les sels d’ecstasy sont solubles dans l’eau, ce qui permet de mélanger la substance à diverses boissons.
La synthèse chimique de l’ecstasy est relativement simple et peut s’effectuer dans des locaux domestiques comme des garages.
Elle se présente sous forme de comprimés utilisés par voie orale, une capsule contenant de 50 à 150 mg de MDMA, mais pouvant contenir aussi des proportions variables de MDA selon la méthode de synthèse. Le produit obtenu est rarement pur, les divers contaminants pouvant contribuer à sa toxicité. Il peut être coupé par d’autres composés psycho-actifs comme le L.S.D. et les amphétamines.
II Historique
La MDMA a été pour la première fois synthétisée par Merck et brevetée en 1914 comme modérateur d’appétit. Sa toxicologie n’a été explorée qu’à partir de 1950. Elle a été classée comme drogue illicite en 1985 aux USA, mais certains psychiatres lui attribuent encore une valeur thérapeutique (1, 2), surtout parce que la MDMA agit comme désinhibant (3). Jusqu’au milieu des années 80, les utilisateurs d’ecstasy se l’administraient alors qu’ils étaient seuls ou en petit comité et les cas d’intoxications étaient rares (4, 5). A partir de 1987, des cas d’intoxications graves et de décès ont été observés en Angleterre puis aux Etats-Unis. L’inquiétante progression des cas de toxicité graves liés à l’ecstasy provient de son utilisation récente dans les boites de nuits ou dans les soirées où l’on danse frénétiquement pendant toute la nuit ou « rave parties » (rave= délire, extase) (6, 7, 8). En France, elle est au Tableau B depuis Juillet 1986. Elle figure sur la liste des substances contrôlées des Nations Unies.
III Propriétés physiopharmacologiques
La MDMA possède l’effet stimulant des amphétamines associé à des propriétés euphorisantes. L’ecstasy agit principalement sur les neurones sérotoninergiques. Elle inhibe de façon irréversible la tryptophane hydroxylase, enzyme qui limite la production de la sérotonine (9). Chez le rat, cette inhibition dure deux semaines après une seule injection.
La MDMA déforme les perceptions sensorielles et de contact (cutanées par exemple), mais pas ou peu la perception visuelle. Elle entraîne euphorie et augmentation de la motricité. C’est une substance dont la consommation entraîne une dépendance comme la plupart des amphétamines.
Les doses provoquant l’effet recherché ou des effets toxiques sont extrêmement variables d’un individu à l’autre. La dose tuant 50% des animaux, chez le singe et le chien, est de l’ordre de 20 mg/kg (10, 11). Il existe un recouvrement important entre doses toxiques et doses récréatives, en fonction donc des individus, mais aussi des circonstances de consommation.
Peu de données de pharmacocinétique sont disponibles chez l’homme. Le pic plasmatique apparaît 2 heures après ingestion, la demi-vie étant d’environ 8 heures.
Après ingestion de 50 mg, le taux plasmatique maximum est d’environ 100 ng/ml, puis descend à 5 ng/ml au bout de 24 heures (12). 72% de la drogue est éliminée intacte par les urines au bout de 3 jours. Chez les sujets décédés à la suite d’une ingestion de MDMA, le taux plasmatique varie de 110 à 1260 ng/ml.
IV Toxicologie et effets adverses
A dose faible chez le volontaire sain, la MDMA produit perte de l’appétit, nausées, douleurs musculaires, transpiration, fatigue et insomnie. Ces effets toxiques s’accentuent après plusieurs prises alors que les sensations agréables s’estompent.
Les cas de décès sont pour la plupart associés à l’hyperthermie (jusqu’à 43°C), qui accentue les autres problèmes cliniques et à l’apparition du syndrome hypersérotoninergique et hyperadrénargique. L’administration à des rats produit une hyperthermie directement corrélée à la température ambiante. La seconde conséquence est l’apparition d’une hyperactivité appelée « syndrome hypersérotoninergique » comprenant piloérection, hyperactivité psychomotrice, ataxie conduisant aux convulsions et à la mort.
Les effets neurotoxiques à long terme sont peu documentés mais des cas de psychoses paranoïaques chroniques et de troubles variés du comportement (dépression et psychose) sont décrits. Des lésions irréversibles des neurones sérotoninergiques ont été mises en évidence chez le rat et chez le singe après doses répétées et modérées de MDMA (13), un effet similaire chez l’homme restant difficile à démontrer. Toutefois, il a été montré chez l’homme une baisse des taux d’HIAA, (acide 5-hydroxyindole acétique) témoin de la dégradation métabolique de la sérotonine. Chez le rat, la faculté de récupération après administration chronique de MDMA paraît plus importante que chez le singe.
L’intoxication induit insuffisance rénale aiguë, hépatotoxicité, troubles de la coagulation, troubles du rythmes, tachycardie, hypertension, oedème pulmonaire (14, 15, 16). Le traitement de l’intoxication aiguë fait actuellement l’objet de nombreuses études expérimentales et cliniques. Le refroidissement avec de la glace est conseillé, ainsi que l’utilisation des benzodiazépines pour prévenir les convulsions.
V Considérations générales
La progression des cas d’intoxications dus à l’usage de l’ecstasy est en grande partie liée aux circonstances de l’emploi de la drogue. Au cours des « rave parties », toutes les conditions de prise de la drogue sont réunies pour induire ou augmenter les effets délétères: activité physique intense et prolongée, bruit, température et absence de ventilation, sujets déshydratés. De plus, l’association à d’autres drogues illicites (cocaïne, cannabis, L.S.D….) et à l’alcool peut aggraver de façon dramatique la toxicité de ces substances. Le nombre de sujets ayant absorbés de l’ecstasy impliqués dans des accidents de la route est également en progression.
Pour toute observation ou question concernant ce texte ou l’ecstasy, envoyez un message électronique à l’adresse suivante : toxidop@ibt.univ-angers.fr
VI Conclusion
La consommation d’ecstasy et de dérivés amphétaminiques voisins est de plus en plus répandue et le nombre d’intoxications sévères et de décès repertoriés dans la littérature scientifique internationale est en constante augmentation depuis dix ans. Ces drogues ont la réputation parmi les consommateurs d’être sans danger, voire moins toxiques que l’alcool, alors que les décès surviennent généralement après ingestion de doses modérées
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